vendredi 13 janvier 2012

Un dinosaure à l'ère du numérique


Je n’ai pas de liseuse, je n’ai pas encore acheté de livre numérique, je m’attarde dans les bons vieux livres imprimés et publiés chez des éditeurs reconnus. Pourtant, je connais l’auto-édition depuis belle lurette. Bien avant qu’on en parle en mal, bien avant que l’impression numérique permette de petits tirages ou que le livre numérique attire l’auteur qui veut à tout prix publier sans vivre les longues étapes de l’édition traditionnelle. 

En 1979, mon père fondait les Éditions de la Petite-Nation. Ce qui lui a permis de mettre son expérience à profit et en plus des quatre ou cinq livres d’auteurs de l’Outaouais, il pouvait publier les livres qu’il écrivait et qui étaient refusés par les éditeurs. Le premier portait sur l’histoire de la Petite-Nation, celle de la seigneurie de Louis-Joseph-Papineau, du manoir du célèbre député. Pendant des semaines, des mois, il avait faisait des recherches au Manoir, au Château Montebello, au chef-lieu du comté. 

Les Éditions étaient une histoire de famille : mon père écrivait, ma mère corrigeait et tapait sur une énorme photocomposeuse, je cirais les longues épreuves en galés et je montais le livre sur des feuilles à carreaux bleus non reproduisibles (on disait non-repro). Nous faisions imprimer. Mon père préparait un article pour l’hebdomadaire local, y joignait un bon de commande. Mon frère s’occupait de l’administration. 

Quand les livres furent épuisés, mon père fit une mise à jour, des ajouts autant de textes que de photos, surtout au sujet du Château Montebello construit en 1930. En 2003, une troisième édition voyait le jour et s’ajoutait également une version légèrement différente, en anglais, qui raconte surtout la vie du Seignory Club

Même quand les Éditions de la Petite-Nation ont cessé leurs activités, mon père et moi avons continué de faire imprimer ce livre qui changeait de titre chaque fois. Il y eut donc Le manoir Louis-Joseph-Papineau, Rêves et splendeurs, La fascinante histoire du Château Montebello et La fascinante histoire du Fairmont Château Montebello, Les Seigneurs du ChâteauDreams in a Castle. Après 1980, les techniques ont évolué, j’ai numérisé toutes les photos, j’ai monté les deux versions, française et anglaise, avec mon bon vieux logiciel PageMaker qui date de Mathusalem, mais que je connais comme le fond de ma poche et comme il me permet d’exporter en fichier pdf, je n’ai pas l’air trop dinosaure. 

Mon père est décédé en 2006, mais ces deux livres lui survivent. C’est donc en auto-édition que je m’en occupe : toutes les dépenses, toutes les étapes, sauf l’imprimerie, mais tous les revenus. Certains jours, je n’ai pas l’air d’écrire, on me demande à quoi je travaille, eh bien ces temps-ci, sur ces deux montages : nouvelles couvertures, nouveau graphisme, un autre ISBN, mise à jour des événements qui sont survenus depuis la dernière édition. 

Ainsi, je demeure dans le monde du livre, même si ce n’est pas dans celui de l’écriture. Les deux livres seront prêts pour la Saint-Valentin et je pourrai aller porter les livres tout frais sortis de l’imprimerie dans la seule boutique qui me les prend tous : celle du Fairmont Château Montebello. 

Et qui sait si un jour, ce n’est pas par ces livres que j’entrerai dans l’ère du numérique. Ce serait grâce à mon père qui, pourtant, n’a jamais été capable d’utiliser un ordinateur! 

(illustrations: en primeur, les deux prochaines couvertures des livres auto-édités)

3 commentaires:

  1. Bon j'y suis.

    Je voulais juste dire que tu avais déjà une très bonne expérience dans le monde de l'édition.

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  2. Merci Ginette (et merci Gen de ton billet de ce matin, je ne croyais pas qu'il me servirait) d'avoir pris la peine de réessayer, ainsi, je sais que les commentaires sont revenus.
    Ah! ce Blogger qui fait des changements même si on ne les demande pas!

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Les anonymes: svp petite signature