samedi 30 août 2014

Nous étions dans l'image

Raconter un voyage, ce n’est pas écrire un roman. Je le sais bien. Pourtant, comme le voyage est achevé, les photos choisies, traitées, le compte-rendu écrit, les factures réglées, les statistiques compilées, ma tête, elle, est déjà dans cet après qui suivra : la révision finale de mon manuscrit avant de l’envoyer à l’éditeur.

Alors pour vous présenter cette nouvelle page de mes voyages, j’hésite sur le style. Respecter la formule établie depuis le début, bien sûr. Comme plusieurs voyageurs, je n’ai jamais choisi le blogue pour parler de mes voyages, ce ne sont pas des billets rédigés presque quotidiennement. D’ailleurs, j’admire les voyageurs qui se disciplinent et qui, chaque soir, volent quelques heures à leur voyage pour parler de leur journée en plus de choisir leurs photos et de courir après une connexion Internet qui permet la publication de leurs efforts. Je préfère, par paresse ou par habitude, m’astreindre à ce « travail » à mon retour. 

Donc, une nouvelle page ajoutée à mon site de voyages, par là >>>

Mais le cœur déjà à l’écriture, l’esprit troublé par la lecture de La Memoria de Louise Dupré, j’ai envie de mots inspirants, de mots évocateurs. Avoir donc le goût de vous parler du Yukon et de l’Alaska comme une romancière. Comme personnage les deux voyageuses comblées, ravies que nous avons été. Sans intrigue autre que les impressions qui nous restent encore dans la nuit de nos rêves.

Nous n’avons pas tout vu, faute de temps, et avouons-le, faute d’intérêt : on ne marche plus comme à trente ans, on ne s’aventure pas sur les petites routes comme à vingt ans ou comme les intrépides Européens. Mais nous avons été très heureuses de nos choix bien sécuritaires.

Dire que le Yukon, finalement, est un peu différent de l’Alaska, même si on associe toujours les deux. Des montagnes moins hautes, des francophones plus nombreux, des épinettes moins rabougries. Surtout des routes vraiment moins bien entretenues, toujours en construction, en réparation, mais pas envie d’en chercher la cause... politique, économique sans doute. Qui a envie de penser politique en voyage, de partir un débat sur où les gouvernements mettent-ils leur argent? Sur les routes, donc un peu de stress parce qu’il en faut de la concentration pour conduire au bord des ravins, dans les montées et descentes étroites que sont certaines « pass », dans la brume parfois, mais si peu de véhicules sur la route que ça réduit la tension. Augmentée par contre quand on songe que nul réseau téléphonique ne vient assister les conducteurs. Mais les gens sont tellement gentils, qu’on sait qu’ils nous aideront en cas de pépins. Ce que nous n’avons pas eus. À part les nombreuses journées de pluie et de bruine, qui finalement font de beaux effets dans les photos!

Vous parler justement des gens, de leur gentillesse, leur accueil, leur sourire. Jamais je ne me suis sentie si bien à ma place en tant que touriste. Ils ont l’air vraiment content de nous voir, de nous parler, de nous aider, de nous renseigner. Malgré l’éloignement, la solitude, la fatigue, le travail, les heures d’ensoleillement, c’est l’été, le plaisir, une odeur de bonheur.

Et l’histoire. Quelle histoire! Nous avions lu Alaska de James Mitchener, mais là, ce n’était plus dans les livres, c’était en vrai. Souvent dans les musées, faute de pouvoir se rendre sur les lieux et surtout, dans le temps, mais les musées et les centres d’interprétation sont tellement bien documentés, les archives bien présentées, les films documentaires bien montés que ce fut de belles reconstitutions. Un monde à découvrir, du temps des mammouths, aux Tinglits, aux Russes, à l’insertion des renards, à la ruée vers l’or jusqu’à la réalité d’aujourd’hui, qu’elle, on pouvait voir et sentir.

En conclusion, s’il en faut une, les personnages que nous avons été, ont vécu dans l’image, ont vécu dans le roman et la tension dramatique était oubliée chaque soir devant le décor magnifique dressé devant nos yeux. Et le plaisir du caravaning, ce dont on ne s’est pas lassé malgré que ce n’était pas notre véhicule récréatif.

(Toutes les légendes de photos ne sont pas écrites, à venir, pendant les longues soirées d'hiver?)

lundi 25 août 2014

Ah! ce temps...

Bientôt les enfants seront en classe. Je ne me souviens pas avoir trouvé le temps trop court ou trop long quand j’étais élève. Quand donc commence-t-on à regarder le temps qui passe, à trouver qu’on n’en a pas assez?

En voyage, je vis beaucoup plus au présent, je n’essaie pas de tout vouloir faire la même journée. Je roule, je regarde, j’admire, je m’extasie, j’apprends, je photographie, j’écoute, je mange, je dors. Je maugrée un tout petit peu contre la température, mais n’y pouvant rien, je m’adapte et le sourire revient. Si j’étudie le trajet du lendemain, je pense quand même très peu. Je me laisse aller.

Depuis mon retour du Yukon et de l’Alaska, je me suis remise à penser et à regarder l’heure. Je veux tout faire en même temps. Non pas pour le rattraper, juste en jouir au maximum.
  • Être dehors parce qu’il fait beau et chaud.
  • Visionner, trier, traiter les 1,000 photos prises lors des 22 jours en terre du nord.
  • Lire mes notes, écrire un compte rendu du voyage pour publication sur mon site.
  • Réviser mon roman, alimenter mon blogue.
  • Examiner les factures, rentrer les chiffres dans mon fichier Excel, voir si on a dépassé les prévisions (c’est fait, on a dépassé de 300 $).
  • Aller en vélo.
  • Être au courant des romans qui sortiront en septembre.
Pas le temps de : 
  • Attendre que les logiciels s’ouvrent, penser à changer d’ordinateur ou l’envoyer nettoyer, ce qui serait encore perdre du temps.
  • Lire ou télécharger des livres. Aller à la bibliothèque sachant que je n’aurai pas le temps de lire les deux livres arrivés pendant mon voyage.
  • Cette année, ne pas participer à Nouvelles de Gatineau. Le concours se termine le 30 août. J’avais bien commencé un texte, mais il est nul.
  • Finir de tondre le gazon.
  • Préparer la fête annuelle des Vierges (deux membres de ma famille sont nées le 11 septembre)
  • Écrire un billet de blogue digne de ce nom.
  • Respirer… ah! si quand même.
Prendre au moins le temps de me parler, de calmer mon impatience, de me dire que je suis en vie et donc de le voir passer ce temps précieux, d’être reconnaissante d’avoir fait un si beau voyage et de me répéter que même si je courais, je ne le rattraperai jamais. Déjà de pouvoir en parler est un plaisir et une chance que tout le monde n’a pas. Alors je vais simplement le vivre, une minute, une heure, une journée à la fois.

Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir.
Et être très émue en regardant la couleur du champ de maïs quand le soleil se lève ou se couche. Tout comme je l'ai été un certain matin très nuageux, annonciateur d'une autre journée pluvieuse, à Seward, Alaska, quand j'ai vu tout à coup un immense arc-en-ciel dans la montagne. L'espoir et le sourire sont revenus.