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lundi 19 septembre 2016

Eh! oui, en parler encore!
Du livre bleu, des Lynch, des Deguire, de l'Irlande


Ce n’est pas ma première, mais ça fait longtemps. Ma première avec fichier Power Point, oui. Pour parler devant un groupe, je suis plutôt de la génération du tableau noir. 

Donc, dans le cadre des « Belles soirées du CRAO (Centre régional d’archives de l’Outaouais) », je donnerai une conférence le jeudi 6 octobre 2016 à 19 heures, à la Maison de la culture de Gatineau.

Le sujet : De l’Irlande en 1847 à Notre-Dame-de-la-Paix, en Outaouais

Résumé :
De l’Irlande à Grosse-Île à Saint-Henri, de Saint-Laurent jusqu’à la Petite-Nation en Outaouais, il sera question des Irlandais Bushell et Lynch, des sœurs de Sainte-Croix et des Deguire, patronyme de la mère de Claude Lamarche. Celle-ci, plus romancière qu’historienne, présentera ses recherches qui l’ont conduite à la rédaction des romans Les têtes rousses et Les têtes bouclées. Le troisième, Les têtes dures, est en cours d’écriture.
Je suis prête. J’ai visionné mes diapositives sur un grand écran, elles sont de bonne résolution. Dix-neuf pages de texte que je relirai une fois ou deux pour les apprendre plus ou moins par cœur. En m’efforçant de ne pas parler trop vite — vilaine habitude prise depuis ma toute petite enfance comme si en parlant plus vite j’allais dire plus de phrases —, je devrais m’adresser à l’auditoire au moins quarante-cinq minutes.

Et puis, honorée qu’on me l’ait demandé. Toujours agréable de sentir qu’on vous apprécie, que quelqu’un pense qu’on peut être intéressante. C’est Raymond Ouimet qui en a parlé au Centre d’archives, organisateur des « Belles soirées ». Sauf que Raymond, lui, ce soir-là, ne pourra pas venir vérifier s’il a bien fait de proposer mon nom. Il sera lui-même conférencier dans le cadre du programme « Écrivain en résidence à la bibliothèque de Gatineau ». 

Une conférence, c’est écrire encore un peu. Écrire pour parler. Et puis, parler des recherches qui ont mené à l’écriture de romans, c’est replonger dans ses souvenirs, fouiller dans les boîtes d’archives. Dans ces papiers que l’on a pu avoir envie de jeter après usage. Surtout après que les livres aient été publiés. Parce qu’on croit que ça ne servira plus. J’ai bien fait de n’en faire rien. La mémoire, la mienne en tout cas, est un placard dans lequel, sans m’en rendre compte, je fais souvent et rapidement du ménage pour laisser place à de nouvelles informations, de nouvelles lectures, de nouveaux souvenirs.

Alors, j’ai remonté des boîtes rangées depuis longtemps, j’ai replongé dans les arbres généalogiques établis en 2004, dans les images, dans l’histoire de l’Irlande. Quand j’ai commencé à écrire sur mes ancêtres, je ne pensais pas que la publication tarderait tant à venir, mais je pensais encore moins que douze ans plus tard, je parlerais encore du livre bleu de ma grand-tante, de Bridget Bushell et de Denis Lynch. De l'Irlande. Quand je l’ai sillonné cette Irlande, en vélo, que je n’ai pas vraiment trouvé verte alors, je ne me doutais nullement que ce voyage, j’en parlerais encore quarante-cinq ans plus tard. 

Comme j’ai fini par croire ce que j’ai imaginé pour mes romans, j’ai quelque peu oublié la vraie histoire. Mais je ne suis pas là pour rappeler la vérité. Je ne suis pas historienne. Seulement retrouver le chemin qui m’a mené à l’écriture. Mais pas le temps des doutes, des questionnements ou les embûches d’édition, non, plutôt ranimer cette curiosité qui ne me quitte jamais. 

Et si possible,Du livre transmettre l’amour de la recherche, le plaisir de la découverte.

Lien vers le Centre d'archives de l'Outaouais >>>

jeudi 30 mai 2013

Des fois, je me prends pour une autre

Des fois, je me prends pour une autre. Je voudrais être la seule, ou au moins la meilleure à connaître ceci ou cela, à parler de ceci ou de cela. À me distinguer parmi la pléthore de gens qui s’expriment sur tel ou tel sujet. Sortir du rang. Être importante.

Probablement attirer l’attention. Je ne jouerai pas à me demander la raison sous-jacente, mais n’empêche que c’est là, pourtant je sais très bien que je ne détiens pas le monopole de l’expression ni de rien d’ailleurs.

Exemple : demain, le vendredi 31 mai, à Radio-Canada, émission Zone Doc, il sera question de l’Irlande, de la famine, de la traversée, des descendants. J’ai vu des images qui annoncent l'émission. Certaines sont celles-là mêmes que j’avais imprimées et qui me servaient de référence lors de l’écriture de mes Têtes rousses.

Sans même chercher à connaître plus de détails, mon petit cerveau sur les bords de l’histrionisme se lance dans des scénarios : « Comment, il y a un documentaire sur la famine en Irlande et on ne m’a pas contactée ? » Comme si j’étais LA référence en matière de famine en Irlande. Pire, la seule !

Et puis, je me suis calmée, j'ai remis les deux pieds sur terre et les doigts sur le clavier et j’ai cherché. 
J’ai trouvé le nom du réalisateur : Brian McKenna, un Canadien qui n’en est pas à ses premières armes dans le documentaire. La date de la présentation en anglais : 2011. J’ai fait taire la petite voix qui disait : encore des anglophones, pourtant plusieurs descendants sont demeurés au Québec et ont parlé français dès la deuxième génération. 
J’ai même pu visionner le documentaire sur Youtube, mais je préfère attendre de le voir en français. Et d’admirer le traitement. Après tout, d’autres aussi ont le droit de s’exprimer, de donner leur version, de témoigner. D’autres aussi ont le droit d’être meilleurs que moi. Et réussir très bien à se passer de mon intervention ou collaboration ! Je n’ajouterai pas hélas, je sais bien que je ne joue pas dans les ligues majeures, mais il fut un temps, comme tous les créateurs sans doute, j’en ai rêvé.

 Sur Youtube >>>
(Photographie empruntée sur Internet, je n'ai pas trouvé la source première)

dimanche 9 octobre 2011

Une histoire d'amour entre lui et moi (3)

Mon troisième vélo, un dix vitesses de gars (plus facile à obtenir), un Raleigh britannique, un beau jaune or, acheté au Canada, chez Sears, je ne l’ai gardé que quelques mois. J’ai 21 ans, je termine ma première année d’enseignement. Je dois rejoindre quatre étudiants qui visitent l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande depuis un mois. Eux, ils ont acheté leur vélo là-bas, mais moi, pour être en forme quand j’allais les rejoindre, fin juin, une bonne année après avoir vendu mon vélo rouge, j’achète le mien avant mon départ et je réussis à pédaler quelques jours à peine, certains samedi de juin. 

À l’aéroport de Dublin, je prends possession de mon vélo et de mon sac à dos. Finalement, mon avion arrive la veille de notre rendez-vous. Pas d’ordinateur, pas de cellulaire à cette époque, mais je sais mes amis à l’auberge de jeunesse. Sac sur mes épaules, j’enfourche mon vélo après lui avoir remis le guidon et la selle bien en place, plus ou moins bien ajustés. Une heure plus tard, éreintée, fatiguée, les fesses en feu, le dos en compote, je décide de prendre un taxi. Pas évident de rentrer un vélo dans les taxis noirs. Le chauffeur me conduit à l’auberge de jeunesse. Personne. Je me couche sans trop d'inquiétude. Le lendemain matin, j’hésite entre retourner à l’aéroport avec mon vélo, ou sans. Finalement, plus en forme que la veille, malgré le décalage horaire, je décide de parcourir la dizaine de kilomètres qui me séparent de l’aéroport. 

Mes amis m’y attendent. On s’explique : il y a deux auberges de jeunesse, ils étaient à l’autre, plus au nord. Quand ils me voient mettre mon sac à dos… sur mon dos, ils n’en reviennent pas. « Et un porte-bagage, ça sert à quoi, me lancent-ils à l’unisson. T’imagines-tu vraiment que tu vas pédaler dans les côtes d’Irlande et du Pays de Galles avec 15 livres sur le dos? » Rouge de gêne, je me trouve tellement idiote que jamais, je n’oublierai la leçon. Encore aujourd’hui, 40 ans plus tard, quand je regarde certains cyclistes avec leur sac à dos sur les épaules, j’ai envie de m’arrêter et de leur dire « Et un porte-bagage, ça sert à quoi? » 

Après trois jours de visites et d’achats dans Dublin, nous partons en train, vers Galway. La véritable épreuve commence pour moi. Je suis bonne dernière à chaque village. J'ai mal partout. Nous plantons nos tentes dans un champ, sur une plage, sur les hautes falaises de Moher. Les murets de pierre s’alignent dans les vastes étendues vertes d’humidité constante et de pluies quasi quotidiennes. Au pub, où nous arrêtons presque chaque jour, je me familiarise avec la Guiness que je trouvais imbuvable à mon arrivée et dont je ne peux plus me passer après la première semaine. 

Au bout de dix jours, je n’ai plus mal nulle part et je pédale allègrement sur les petites routes de l’Irlande. À Rosslare, nous traverserons le canal Saint-George, vers le montagneux pays de Galles. Très montagneux. Routes très tortueuses. Quand on descend et qu’on a un élan pour l’autre versant, c’est bien, mais quand on décide de coucher dans la vallée et que le lendemain, il faut monter… les dix vitesses ne suffisent pas. On marche et on pousse. 

Une fois à Londres, mes quatre amis doivent rentrer. Ils essaient de vendre leurs vélos pourtant achetés à Londres, on ne leur en donne presque rien. Ils décident de les rapporter au Canada. Essayez d’entasser quatre vélos et quatre personnes, cinq en fait parce que je veux les accompagner au moins jusqu’à l’aéroport, en plus de leurs bagages? Les chauffeurs de taxi ne veulent pas, il faut payer un supplément et finalement, trois taxis arrivent tout juste à l’heure à l’aéroport. À peine le temps des dernières embrassades et voilà mes amis partis. Je me retrouve seule, après plus d’un mois d’aventures. 

Avant de partir, je m’étais dit, tant qu’à être en Europe aussi bien me rendre à Paris. Sauf que je ne savais trop si j’irais à vélo. Or, pendant que mes amis essayaient de vendre le leur, le mien, un Raleigh fabriqué en Angleterre, mais pourtant acheté au Canada, vaut son pesant d'or. On m’en offre plus que je l’ai payé. J’accepte. C’est donc en train que je me rends à Paris et c’est à pied que je visite la Ville lumière avant de rentrer à la maison. Sac sur mon dos et sans vélo.

L'histoire d'amour cette fois, ne fut pas avec mon vélo, quoiqu'il fut à la hauteur: pas de crevaison, pas de rayons à changer! Non, non, pas un de mes amis non plus, quoique... Non, avec l'Irlande!

(photo empruntée à Google (lien>>>) parce que je n'ai plus les diapositives prises à cette époque)