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dimanche 18 octobre 2020

Du coq à l'âne

             

L’orme n’a plus de feuilles. Les mélèzes jaunissent. Le ciel bleu me permet d’éteindre les lumières de la maison. Il fait suffisamment clair. Sur les réseaux sociaux, la sortie des livres s’intensifie. Bientôt un de Nancy Huston. Ses pensées pendant le confinement du printemps. Publiées parce qu’elle s’appelle Nancy Huston. À l'intérieur, les livres s’empilent autant qu'à l'extérieur, les aiguilles et les feuilles. Mourront-ils avec cet automne occupé?

Écrire comme Lucy Ellman dans Les lionnes. Comme une écriture automatique, comme un surefficient mental (mot rencontré lors d’un message publié par Mathieu Cyr sur la douance qu’il préfère appeler surefficience mentale. Je ne crois pas être atteinte à 100 % mais je me reconnais un peu dans cette hypersensibilité). Les lionnes, un livre éblouissant dit-on. Un exploit certainement. Mais lire toutes ces phrases enchaînées où seul « le fait que » vient séparer les idées... si au moins c’était en paragraphes, pour reprendre son souffle, pour que notre cerveau ne dérive pas, reste là, dans l’histoire. Non, je n’ai pas tenu les 47 pages de l’extrait.

Tant qu’à être dans les extraits... tant de livres parus ces dernières semaines... j’ai préféré celui du livre de Simone de Beauvoir, Les inséparables. Juste à voir le nom de Zaza. MA Zaza. Probablement la Zaza de bien des jeunes filles. Pas les jeunes filles en fleurs de Proust, non les jeunes filles qui ont lu Les mémoires d’une jeune fille rangée. Dont je suis. J’avais 15 ans quand ma mère m’a mis ce livre entre les mains un jour d’été désœuvré. J’en avais 20 et je lisais encore tout ce que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont publié. Même L’être et le néant. Je voulais devenir philosophe. Dans ma bouche, partout, tout le temps, encore aujourd’hui, malgré les regards désespérés de mes interlocuteurs qui auraient bien voulu la réunion s’achève, d’inlassables «pourquoi?» ou pire des «je ne comprends pas». Je ne comprends pas le monde comme tout le monde. Et mes parents m’ont appris à nuancer, à choisir les bons mots, les mots justes. Ceci ne veut pas dire cela. Je m’en fatigue moi-même.

Mais la plupart du temps, je m’aime quand même!

Toujours question livres, à croire que c’est tout ce qui m’intéresse, mais oui, le dimanche matin, en lisant La presse+, je délaisse rapidement les courbes de la Covid, ma zone orange et les élections américaines — quoique je regarde un peu, hâte de voir si Trump va être réélu si les frontières vont réouvrir après les élections, mais même si elles ouvrent, je n’irai pas plus en Floride, trop de cas de Covid encore et dans mon cas, ce n’est pas vrai qu’être masquée et confinée en Floride, c’est mieux que d’être masquée et confinée au Québec : pas les mêmes repères, pas les mêmes activités, pas la même langue, pas mon monde, mon monde sera ici avec leurs tuques et leurs mitaines — fin du tiret, on retourne aux livres, je vous l'ai dit du coq à l'âne comme dans Les lionnes... il y a aussi les livres de Deborah Levy, son autobiographie, pourquoi elle écrit. J’adore les biographies, depuis le temps que je le dis. Je le dirai encore le dimanche 25 octobre lors d’une causerie... un beau mot causerie, je le préfère à conférence. Fait plus amical, moins entrepreneurial. Lien pour s'inscrire à cette causerie sur généalogie et romans, mes romans sur mes ancêtres irlandais, lien donc à la fin de ce billet... s'il peut finir, pensez-vous!

Il faudrait bien que je cesse d’écrire ou de parler et que j’aille lire. Même pas terminé la biographie de Pauline Marois. Ni Le palais des orties de Marie Nimier, écriture fluide et à la mode du temps. Cette mode de métaphore avec des animaux ou des plantes. Pensons au Lièvre d’Amérique de Mireille Gagné, de L’apparition du chevreuil de Élise Turcotte et surtout de Les Foley de Annie-Claude Thériault et sa fameuse Sarracenia purpurea, fil conducteur de son histoire.

Hélas, la vie domestique va reprendre son cours. Et au lieu de lire, je préparerai la salle de bains qui va recevoir une belle douche toute neuve cette semaine. Comme tout le monde, pour moi aussi, temps de pandémie est aussi temps de rénover, de rester à la maison. J’ai même recommencé à tricoter. Pour ma «filleule», un petit chien Porkie. Porkie ce n'est pas son nom, c'est sa race, un mélange deYokshire et Poméranien. Son nom commence par L tel que tricoté sur son petit chandail.

Suffit les associations d’idées. Votre esprit vagabonde-t-il aussi? Le dimanche matin uniquement? Ces dimanches de congé propices aux vagabondages, quand ma mère invitait ses tantes à diner et où elles jasaient tout l’après-midi ou quand mon père disait : on va faire un tour d’auto, on va voir les maisons!

Suffit, j’ai dit.

Lien vers conférence-causerie, webinaire Centre de généalogie Petite-Nation, dimanche prochain, 25 octobre à 13 heures>>>

Pour lire un extrait du roman de Simone de Beauvoir>>>



lundi 18 mai 2020

Tous ces mots écrits dans le ciel


Dès que je me suis assise sur la galerie, mon regard levé vers le ciel et la cime des grands pins rouges, le calme s’est installé. Le silence a chassé les mots de colère et de frustration des dernières semaines.

Aussitôt, j’ai eu envie d’écrire cette accalmie, ce petit bonheur tranquille. D’une phrase à l’autre, j’ai repensé à toutes celles que tant d’auteurs se sont donné la peine d’écrire. J’ai revu les vieux livres rangés sur des tablettes poussiéreuses du sous-sol. Cette semaine, collecte des gros rebuts. Je jette ou pas? Je vends, je donne? Des romans qui datent des années 40-50, du temps de mon père et de ma grand-mère maternelle. Je ne lirai donc jamais Clara Malraux? Je ne finirai jamais Jean-Christophe de Romain Rolland? Pour qui toutes ces phrases? Pour le ciel seulement?

Tant de phrases, tant de mots, de pensées, d’histoires, de vies oubliés, ignorés, jetés? Et les miennes, mes phrases dans toutes ces lettres, dans ces cahiers que j’ai accumulés au cours de ma vie, je les jette aussi? Les centres d’archives sont déjà si pleins des vies passées. En voudront-ils d’autres? François Côté qui achète et vend de vieux livres anciens et modernes en voudra-t-il ?

Des phrases qui s’envolent au ciel, qui formeront des nuages, qui deviendront des orages ou d’extraordinaires couchers de soleil. Mourront-elles toutes dans les rebuts?

site de François Côté, libraire >>>



dimanche 15 avril 2018

Lire un extrait avant de choisir

revue Les libraires
Bien sûr, comme tout le monde qui vit au nord du 50e parallèle, j’ai hâte de pouvoir passer plus de quinze minutes sur une galerie ou sortir sans bottillon ou laver mon auto pour voir sa couleur réelle. Bref, j’ai hâte que la neige disparaisse, que le blanc et le brun sale laissent la place à toutes les nuances de vert.

Mais aurai-je autant de temps pour lire? Je délaisserai peut-être la lecture et l’écriture pour le voyage? Ou pour ramasser les aiguilles de pin, brûler les branches tombées cet hiver, et faire disparaître tout ce cailloutis laissé par les passages de la charrue.

Pour l'instant au lieu de craindre ce verglas tant annoncé, je me réjouis de l’abondance de romans que la dernière revue Les libraires offre à mon appétit insatiable. Est-ce moi ou il se publie beaucoup plus de livres qu’à mes vingt-trente ans?

Honneur également à Kobo : liseuse ou site. Six mois que j’ai ma liseuse, j’ai découvert depuis peu l’outil « trouvez votre prochaine lecture ». Probablement ajouté pour promouvoir l’achat de livre via un compte Kobo, mais moi, je l’utilise principalement pour lire des extraits. Merci à tous les auteurs qui, dans leur contrat d’édition, acceptent que des extraits soient publiés. Parfois de cinq pages, mais jusqu’à 30-40 pages. C’est appréciable, assez pour savoir si je veux me procurer le roman.

Donc, dès que je vois dans une revue, un journal, un blogue qu’on parle d’un roman, qu’on pique ma curiosité parce qu’on en dit du bien, qu’on lui décerne un prix, ou parfois parce que le sujet m’intéresse, je délaisse ma tablette pour ma liseuse.

Ainsi rien que cette semaine, j’ai lu des extraits de :
Royal de Jean-Philippe Baril Guérard
La femme de Valence d’Annie Perreault
Si tu passes la rivière de Geneviève Damas
Sentinelle de la pluie de Tatiana de Rosnay
Vous écrivez? Le roman de l’écriture de Jean-Philippe Arrou-Vignod

Frustration évidemment devant l’absence de Débâcle de Lize Spit publié chez Actes Sud. J’essaie de comprendre les raisons de ces quelques éditeurs, dont Actes sud et Lémac entre autres, à refuser de fournir (est-ce le bon verbe?) leurs livres numériques (parce qu’ils publient quand même en numérique) à pretnumerique.ca. Je me demande s’ils ont vérifié si ça vaut encore la peine? Si leurs raisons premières valent encore? Sont-ils moins piratés? Les auteurs sont-ils toujours d’accord? Est-ce moi qui deviens comme ces jeunes qui croient que tout livre, toute musique, toute œuvre d’art doit être accessible gratuitement au public? Pourtant non, j’espère que non. J’espère de tout mon cœur d’auteure que les auteurs dont les livres se retrouvent sur la plateforme pretnumerique sont payés à juste titre pour leurs romans numériques. J’ai hâte de voir une étude à ce sujet.

Encore heureux (non c’est faux) qu’on ne parle pas tant de livres dans les médias, je trouve que je ne lis pas le quart de ce qui m’intéresse. Comme pour toute nourriture, je dois choisir et je dois surtout apprendre à manger lentement, à manger moins et mieux. Surtout qu’avec la BANQ ou réseau Biblio Outaouais, mes deux approvisionneurs, je suis limitée à trois semaines pour lire. Je délaisse donc certaines lectures pour en privilégier d’autres. Les critères de sélection sont souvent aléatoires, souvent le nombre de pages, parfois le style.

Ainsi, entre Les loyautés de Delphine de Vigan et La bête creuse de Christophe Bernard c’est Delphine de Vigan qui a gagné. Entre La bête creuse (j’ai essayé à nouveau) et La promesse de l’aube de Roman Gary, c’est ce dernier qui a remporté parce que j’ai encore de la difficulté avec ce genre de phrases quand elles sont dans la narration : « quelques curés bénévoles quand il coachaient », « Faque tu te lèves », « ses frères jobaient à la scierie », « Labatt avait été obligée de clairer deux employés ». J’ai nettement préféré « si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine ». Oui, je sais, je suis vieux jeu. Pourtant je veux, j’essaie, j’accroche souvent. Je cherche surtout à comprendre, à me psychanalyser pour savoir si c’est de la jalousie, de l’envie, du snobisme, de la résistance. Et puis, je me dis qu’on peut bien préférer la framboise à la fraise sans nécessairement chercher à remonter à son enfance pour savoir pourquoi. Et je sais aussi qu’un jour prochain, je goûterai aussi à quelques fraises… à moins qu’une autre talle de framboises m’attire.

Faut-il dire que La promesse de l’aube de Roman Gary c’est joyeux, ça fait du bien : pas de meurtre, pas de conflit, pas de tare, même pas d’amour contrarié. Non, qu’un bel hommage d’un homme à sa mère. Comme un goût de printemps où tout sera beau et doux.

Devant tant d’abondance de publications, quels sont vos critères de choix?

lundi 23 novembre 2015

Contente

Contente. 

À vingt minutes de chez moi. 

Deux jours, de 10 heures à 17 heures. Sans flafla. Sans grand temps mort. Lunch à 3 $. Belle organisation. Merci à Lise Poirier et Lorraine Sabourin pour l'invitation.

Vendus plus de « vieux » livres que de récentes publications. Les ventes ont dépassé les 100 $ qui vont directement dans mes poches.

Sujets de bavardage allant de l’Irlande aux patronymes, en passant par les soldats de Carignan et même de l’enseignement. Parler avec amour de la Petite-Nation. J’ai reconnu dans les yeux et les sourires des gens les mêmes heureux souvenirs des étés au lac Simon. Parler de mon père reconnu pour son travail en histoire. Parler de ma mère connue au CHSLD. Parler à d’anciens élèves.

Des voisins de kiosques sympathiques, dont quelques ami-e-s. Des rires, de l'entraide. Des visiteurs tout aussi intéressés aux bijoux, aux meubles, aux tuques en alpaga qu’aux mitaines en castor. Et aux livres. Il n’y avait que les miens!

En conclusion, que je me le tienne pour dit:  je ne suis pas moins auteure parce que j’ai choisi Ripon plutôt que Montréal.

Très contente bis, ter.

jeudi 20 août 2015

Les lancements, à l'image des auteures

Ces derniers douze mois, j’ai assisté à trois lancements de livres. Trois lancements différents, à l’image des auteurs, sûrement.

Source: Émilie Laverdière
du Centre d'action culturelle MRC Papineau
Samedi dernier, celui du roman En Toute Liberté de Colombe Turpin, organisé par elle-même au Centre d’action culturelle de la MRC Papineau qui collaborait de belle façon. Abondance de fleurs, abondance de breuvages et petites bouchées. Très intime, très chaleureux. Très professionnel. Tout de même plein de rires et de petites folies. Jusqu’à lancer pour vrai le livre dans l’assistance. Un cadeau.

L’auteure devenue animatrice le temps de présenter ses cinq invités à qui elle avait d’abord fourni un roman. Une préfète égale à elle-même qui parle aisément devant un public attentif. Du senti, du personnel. A suivi un homme qui a cherché à comprendre l’âme féminine et qui, en lisant le roman, a compris que cette âme s’était élevée en même temps que la voix qui dit de prendre soin de l’environnement. Prendre soin de, voilà ce que l’espèce mâle doit apprendre pour se rapprocher de l’âme féminine, a-t-il conclu. Et puis moi, monteuse en pages et graphiste pour l’occasion, qui ai parlé de la chaîne du livre. Une chaîne qui englobe le lecteur. Pour un auteur, surtout une auteure en autoédition qui prend sur ses épaules tout le processus de la publication, être lu, c’est comme être entendu pour une personne qui a besoin de parler : essentiel, important et qui doit répandre la bonne nouvelle. Comment augmenter le lectorat? Un lancement ne suffit pas. Un éditeur ne suffit pas. Tout un arsenal de moyens promotionnels. Et un réseau qui va se multipliant.

Il y eut ensuite la sœur de l’auteure, une correctrice méticuleuse qui a fait rire en disant qu’elle a le syndrome de la page blanche devant une carte de souhait. Et finalement, la meilleure amie d’une des filles de l’auteure qui a livré un émouvant témoignage sur l’amitié, sujet principal du roman. 

Vint ensuite la séance de dédicaces, l’heure des conversations autour des tables de victuailles.
Je ne connaissais pas tant de monde, j’ai laissé l’auteure avec ses invités.

Source: Thérèse Parisien
Les deux autres lancements concernaient Michèle Bourgon. Un en tant qu’auteure de Y'a pas de souci! et l’autre en tant qu’organisatrice des Nouvelles de Gatineau 2, livre dans lequel j’avais une nouvelle publiée.

Un bouquet de fleurs sur la table. Un éditeur sérieux qui a résumé le livre et un ami auteur qui a présenté l’auteure. Puis, très à l’aise comme la pédagogue qu’elle est, elle s’est assise devant l’ordinateur et nous a montré sur un grand écran quelques-unes des photos prises lors de son séjour en France, sujet de son roman. Un gâteau et du vin nous attendaient pendant qu’elle signait ses dédicaces. 

Je connaissais la plupart des auteurs présents, mais pas le genre à m’imposer quand je vois les yeux des gens regarder ailleurs.

Le lancement des Nouvelles de Gatineau était tout aussi bien organisé, plus théâtral. Présentation de différentes personnes en lien avec la bibliothèque municipale de Gatineau qui organise ce concours. Puis, Michèle Bourgon s’est tenue debout à droite de la salle, de l’autre côté, un professeur du cégep de l’Outaouais (le concours s’adresse également aux étudiants du cégep) et, tour à tour, une lisait un extrait du livre et nommait l’auteur à la fin. Une mise en scène qui gardait toute la salle très attentive. 

Simple goûter en sortant de la petite salle attenante à la bibliothèque où se déroulait l’événement. Après la séance de photos et les embrassades de circonstances, je me suis éclipsée. 

Ces trois lancements me renvoient aux miens imminents (pour moi en tout cas). 
Comment seront-ils? S’ils étaient vraiment à mon image… certains jours, ils ne seraient pas. 

Je préfère cent fois être reçue que de recevoir. Je peux arriver et partir quand je veux, alors que je me sens souvent nerveuse quand il faut attendre que tout le monde arrive, et coincée quand j’ai hâte que les invités partent. Je suis comme ça. Dilemme, paradoxe. Je veux et ne veux pas. Je voudrais que ce soit déjà terminé avant même d’avoir commencé. Pourtant je suis à l’aise devant public. J’ai la parole facile, même si on me reproche gentiment ma diction déficiente, mon ton guerrier et mes mains un peu trop généreuses dans le geste. Mais ça ne suffit pas à faire le succès d’un lancement, d’une réception toute intime soit-elle.

Il faudra m’entourer de personnes qui pallieront mes lacunes organisationnelles.
J’ai encore le temps d’y pourvoir. Le double lancement des Têtes bouclées aura lieu le 26 septembre à Saint-André-Avellin et le 27 septembre à Gatineau.

Quand même, ça m’énerve toujours quand je sors de ma « zone de confort » pour reprendre une expression à la mode. Ma zone de confort étant toute seule avec un stylo ou un clavier. S'il fallait que le lancement soit à mon image!

dimanche 26 octobre 2014

Sur les traces de…

Sur les traces de... ou ces livres qui me font voyager. Les livres sont des voyages en soi. Et en soi. Mais certains m’ont vraiment donné envie d’aller voir de plus près.

Quand tu as dix-onze ans et qu’une héroïne de livre s’appelle Claude, qu’elle a un chien et une île au bord de la mer, il est certain que tu veux aller en Bretagne, le plus tôt possible. Comme bien des jeunes, j’ai été déçue, une fois adulte, d’apprendre que l’île de Kernach n’existait pas. Vous aurez peut-être reconnu les romans d’Enid Blyton que j’attendais avec impatience à chaque anniversaire ou fête.

Il a fallu que je vieillisse un peu avant de lire des Simone de Beauvoir pour avoir le goût d’aller en France, m’assoir, bien sûr, au café de Flore. Pour la Provence, même si Simone de Beauvoir marchait dans les sentiers situés derrière Marseille, c’est plutôt la lecture de Jean de Florette qui m’a suggéré de visiter Les-Baux-de-Provence et de voir la garrigue de près.

Alaska de James Michener m’a vraiment impressionnée, mais de là à rouler 10,000 kilomètres jusqu’aux îles aléoutiennes... Mais en allant à L’Anse aux Meadows, Terre-Neuve, j’ai quand même retrouvé un brin de l’histoire entourant l’arrivée des Vikings sur la terre américaine. Il aura fallu attendre la publication de Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas pour me décider à me rendre au Yukon et Alaska (disons que  ce ne fut pas le seul élément déclencheur, mais un argument de plus). C’est très agréable au retour d’un voyage de lire encore sur la région visitée. Dans ce sens, Lili Klondike entretient mes très beaux souvenirs.

Au Québec, je me suis souvent rendue au Chenal du Moine, près de Sorel, et chaque fois, je cherchais les personnages et le décor du Survenant de Germaine Guèvremont.

J’ai connu la Gaspésie bien avant d’avoir L’Herbe et le varech d’Hélène Ouvrard dans les mains, mais lors de la lecture, je revoyais facilement l’héroïne pleurer toute sa peine et réfléchir sur sa vie sur les plages mouillées d'embruns. Je sentais même l’odeur du varech.

Finalement pour clore le sujet — qui ne le sera jamais, en ce qui me concerne — , les trois tomes de Feu, de Francine Ouellette m’ont plongée dans ma propre région : l’Outaouais des Algonquins. Tout comme l’a fait Jean-Guy Paquin avec son Au pays de Canard Blanc et dernièrement, Au pays des Weskarinis. Je n’ai pas été déçue de Wendake, au nord de la ville de Québec, même si pour l’histoire des Hurons, j’ai préféré Sainte-Marie-les-Hurons, en Ontario.

La lecture seule ne suffit pas à me donner le goût de bourlinguer, mais la lecture aussi.

Et vous, certains romans vous incitent-ils au voyage ?

(quelques-unes des illustrations proviennent des sites Internet d'éditeurs)

lundi 2 décembre 2013

Entre les pages de Yukonnaise

Combien de temps pouvez-vous lire — un livre dois-je préciser et non un article de journal, un commentaire sur Facebook, ou un billet de blogue —, sans vous lever? Pour un café, pour répondre au téléphone, pour une brassée de lavage?  Dans mon cas, tout au plus une heure.

Deuxième question : combien de temps pouvez-vous lire, sans avoir envie d’écrire parce que le texte lu vous souffle une idée pour votre propre roman, de commenter ou de noter une phrase qui vous touche particulièrement, d’aller voir dans un Atlas ou sur Google maps où est telle ville décrite par l’auteur (e)?
Pire encore, résistez-vous à l’envie de mieux connaître l’auteur(e), de lire sa biographie, de voir si il ou elle a écrit d’autres livres? Et ce qu’on en dit?

Voici mes réponses en ce qui concerne le roman Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas avec qui je suis déjà « amie » sur Facebook, de qui je lis régulièrement le blogue qu’elle écrit avec son âme sœur Elisabeth Tremblay:

Déjà à la page 8, je m'attarde longuement à la carte et je repère les campings où je pourrais séjourner.

À la page 12, j’ai voulu savoir si le Baked Café de Whitehorse existait vraiment. Sans me lever, j’ai étendu le bras, j’ai pris ma tablette et j’ai cherché. Eh oui ! Me suis levée tout de même, me me suis fait un café et je suis retournée à ma lecture.

À la page 53, j’ai examiné la carte fournie au début du livre pour trouver Carmacks, comme ce nom n’y était pas, retour à la tablette et dans Google maps , j’ai vu que le hameau s’est développé autour du Yukon river, ça doit être beau.

À la page 74, j’ai voulu aller voir si la maison de Maureen existait, j’ai plutôt bifurqué vers le Burton House writers retreat où l’auteure a séjourné trois mois, avais-je lu à la fin du livre. Oui, je lis souvent les remerciements et même l’épilogue avant même de commencer le roman. Dans Google images, je suis un peu déçue de la maison, sans vouloir une maison de bois rond comme au Québec, j’aurais aimé une maison de bois rond… comme les camps de chasse du Québec !

À la page 115, je me demande bien pourquoi il n’y a pas un vol Edmonton – Whitehorse, ce serait moins long que Vancouver - Whiterhorse, me semble. Je pense sérieusement à me rendre au Yukon l’été prochain — non, non, pas en hiver comme l’auteure, alors les détails techniques, comme les temps de vol, m’intéressent et me font rêver.

À la page 149, j’ai senti le besoin de savoir jusqu’à quel point le personnage secondaire, la narratrice, se confondait avec l’auteure. J’ai visionné l’entrevue de l’auteure accordée en 2012. Je ne sais pas si c’est là, mais j’ai appris qu’il y avait eu 82 demandes pour aller écrire dans ce fin fond du Canada et de plus, Mylène Gilbert-Dumas a demandé l’hiver. Pas notre hiver à moins 20 certains matins, mais à moins 20 le jour et plutôt moins 40 et moins 50 la nuit, cette nuit qui dure tout le jour ! Fallait-il ce sacrifice pour obtenir un roman aussi réaliste et aussi bien documenté?

À la page 162, liste de noms, je veux tout voir sur une carte. Je trouve que, mine de ne pas s’y attarder, elle décrit simplement les lieux. Ce qui me fait penser que je devrais peut-être ajouter quelques descriptions dans mon manuscrit en cours. Devrais-je me rendre à Varennes comme Mylène a fait la route Whitehorse - Dawson?

À la page 204, je me suis rappelé que le livre devra faire l’objet d’un film. Je veux aller voir le Yukon avant que le film sorte. Certes, je ne verrai pas le Yukon des froids de janvier, des aurores boréales, mais j’espère voir au moins le fleuve, des maisons colorées et des cabanes de bois, les montages ocre, les fleurs rabougries.

photo empruntée à ce site>>>
À la page 242, j’ai voulu savoir si la photographe existait vraiment, je voulais voir ses photos, surtout celles prises en hiver sachant que je ne m’aventurerai pas au pays des caribous, sur la route Dempster. L’auteure me confirme que oui, elle s’appelle Romy Jansen et me fournit ce lien que je m’empresse d’aller voir. D’où la photo pour ce billet.

J’ai enfilé les cent dernières pages, mon esprit me laissait enfin tranquille. À la page 350, je suis revenue à la page 18 pour une vérification : quelle bonne idée. Un tour de force qui dénote un talent d’écrivaine aguerrie et expérimentée.

J’avais aimé L'escapade de Sophie Parent, mais la lecture ne m’avait pas donné envie de partir pour le Mexique, mais cette fois, oh ! que oui, je veux voir le Yukon. Peut-être, finalement, ai-je lu Yukonnaise parce que je savais aller au Yukon l’été prochain? Peu importe, j'ai quand même aimé le roman non seulement pour les lieux choisis mais bien plus pour l’histoire intéressante qui s’y déroule. L’auteure réussit à merveille à brosser un portrait nuancé de son héroïne. Ne tombe jamais dans le sentimentalisme niais. Une progression intelligente. Bien plus, c’est toute une région qu’elle nous fait connaître, nous fait aimer à travers les gens qui y vivent. Au passage, j’ai reconnu des comportements à la Émilie Bordeleau à qui l’auteure fait un clin d’œil, et aussi des tempéraments madelinots quand les gens ne combattent plus ni le froid ni le vent, et prenne le temps de goûter la liberté.
Enfin, bref, j’ai adoré.

Liens:
Entrevue de l'auteure en 2012>>>
Emprunt de la couverture sur le site de l’éditeur>>>
Blogue de l’auteure et son âme sœur>>>

samedi 6 avril 2013

Le dernier hiver de Louise Auger


J’ai beaucoup aimé la couverture de ce livre : le papier, le graphisme sobre, la couleur pastel, le concept qui se répète pour tous les livres. J’ai de l’admiration et du respect pour une maison d’édition qui recherche la qualité et s’ingénie à garder le même genre de couverture pour l’ensemble d’une collection. Donc j’aime les éditions Sémaphore dont c’est le premier roman que j’ai entre les mains. 

En fait, j’ai tout aimé de ce livre : le contenant et le contenu. 

L’arrivée de ce livre est une histoire en soi. Je me rendais au Salon du livre de l’Outaouais, au début du mois de mars dernier. En roulant, j’écoutais Andrée Poulin, chroniqueuse à Divines tentations le samedi matin. Elle parlait d’un roman qui est comme un « murmure » a-t-elle dit. Préoccupée par la route et un peu nerveuse parce que j’allais à ma première séance de signatures depuis… quatre ans, j’en oubliai le titre et le nom de l’auteure, mais je me suis dit que si je devais lire ce livre, je savais que la vie se chargerait de me montrer le chemin pour l’obtenir. 

Dans une allée de la grande salle, je reconnus Andrée Poulin que je connais parce qu’elle fait partie de la même association d’auteurs que moi, et parce que je suis une fidèle lectrice de son blogue. 

Je n’ai pas aussitôt mentionné mon intérêt pour le livre dont elle avait parlé le matin à la radio qu’elle m’invite à la suivre. Elle m'entraîne dans les dédales du Salon, et arrivée au stand des éditions Sémaphore, j’ai à peine le temps de voir les petites plaquettes aux couvertures semblables qu’elle s’adresse à une dame en lui disant « Je veux lui offrir le livre de Louise Auger ». 

Je ne retiens pas plus le nom que le matin, je retiens seulement le verbe « offrir ». 

Du coup, je rougis, j’en suis certaine. Est-ce que j’interprète bien ce verbe. Hé oui, Andrée me l’offre comme si j’avais gagné un concours. Le livre devient d’autant plus précieux. Au point où je n’ose même pas le feuilleter devant les autres, ni le lire aussi goûlument que je le fais parfois. 

Quelques jours après le Salon, je partais pour trois semaines en voyage. Dans mes bagages, Le dernier hiver de Louise Auger. Une fois bien installée, l’environnement apprivoisé, j’ai fini par l’ouvrir ce livre. J’ai pris mon temps, comme on déguste un bon vin. J’ai lu tranquillement, quelques pages par jour, à l’ombre des palmiers. 

Et j’ai aimé autant le contenu que le contenant. Vous savez comment j’aime qu’on me raconte une vie, la vie. Je me suis identifiée au personnage : de la même décennie, du même sexe, des mêmes lieux. Le fait que le personnage ait écrit son histoire alors qu’elle a 75 ans, en 2045 ne m’a pas dérangée plus que trois secondes, le temps de calculer un peu et de me demander pourquoi. 

Le plus beau, c’est le style. Des phrases comme je les aime, comme j’aimerais en écrire. Des mots qui disent la nature, les saisons, le lac et la campagne. Des mots riches, recherchés sans être inaccessibles. Des images douces, des révélations qui devraient être plus souvent partagées, des dialogues juste ce qu’il faut, pas trop. Des émotions aussi que j’ai été heureuse de vivre par personne interposée et d'autres que j'ai reconnues miennes. 

Un livre que je relirai bien avant mes 75 ans, c’est certain. Qui me donnera alors peut-être le goût de raconter ma propre histoire.


vendredi 1 février 2013

Boulimie de lectures

Pendant six ou sept mois, je n’ai pas beaucoup lu. Pas le goût, mon esprit était occupé ailleurs, mais, comme si j’avais suivi un régime, je me rattrape. Je suis devenue boulimique de lectures. Je lis tout ce qui me tente. Des petites bouchées parfois pour goûter à tout. De longs repas savoureux souvent, mais je ne finis pas mes assiettes! Le fait de pouvoir maintenant emprunter des livres numériques à la BANQ, c’est pire, c’est facile de succomber.

Coup sur coup, à quelques jours d’intervalle parce qu’ils étaient disponibles, j’ai emprunté les livres numériques :
Rapide Danseur de Louise Desjardins
Le Grand Jamais de Daniel Tressart
Mayonnaise d’Éric Plamondon
La porte du ciel de Dominique Fortier.
Ï tréma de Gilles Pellerin

Je ne connaissais pas ces auteurs, hormis le fait que j’ai déjà lu Les larmes de Saint-Laurent de Dominique Fortier. Des livres choisis après avoir lu des billets sur les blogues de Venise ou de Dominique Blondeau.

Et puis à la bibliothèque, où j’allais chercher des livres pour l’artiste qui ne lit pas tout à fait le même genre que moi — heureusement, s’il fallait… je n’en finirais pas —, je n’ai pas pu résister au deuxième roman de Daniel Lessard La revenante, suite je crois bien de Maggie que j'avais bien aimé, et à L’Anglais de Denise Bombardier.

Comment font-elles ces personnes qui, au fil des années, se sont constitué des PAL (acronyme de pile à lire)? Comment résister à commencer un tel alors que celui de la veille n’est pas terminé ? Est-ce parce que je me suis privée que je ne parviens pas à lire calmement, complètement un livre avant d’en commencer un autre ? Je suis devenue une TDAH (autre acronyme pour Syndrome d'hyperactivité et d'inattention) du livre : incapable de rester en place et de lire tranquillement un livre. Aussitôt les trente ou cinquante premières pages lues, je passe au milieu, à la fin… et à un autre. 

Et ce n’est pas parce que le livre est ennuyeux ou mal écrit. Loin de là. Que des petits chefs-d’œuvre dans la liste ci-haut mentionnée. Il y a bien La porte du ciel que j’ai laissé parce que je n’accrochais pas, ni ne m'identifiais à un personnage en particulier, autant de mal à lire que Les larmes de Saint-Laurent que j’avais dû reprendre trois fois avant d’être dans un état d’esprit propice à lire ce genre d’histoire, mais les autres, des romans contemporains, au style moderne, comprendre par là des phrases courtes, des personnages jeunes, une histoire qui se passe au Québec. Tout pour me plaire. Pour un style plus classique avec des qui, des que, j’ai dévoré L’Anglais de Denise Bombardier et je me suis délectée des petits textes courts, profonds, sentis, de Gilles Pellerin, des textes comme j’aurais aimé en écrire dans mes journaux intimes au temps où j’en tenais.

Qu’est-ce que je vais faire quand La chute des géants de Ken Follett va apparaître dans mon sillage ?

Docteur, qu’est-ce que j’ai ?

vendredi 7 septembre 2012

Les lancements : affaire d’auteurs maintenant


Bientôt la rentrée littéraire, bientôt des centaines de titres nouveaux sur le marché. Sur Facebook, sur les blogues, je vois de plus en plus d’auteurs organiser, présenter, promouvoir leur lancement de livre. Je ne m’y habitue pas. C’était tellement le travail de l’éditeur. Je peux comprendre pour les livres en auto-édition où l’auteur s’occupe de tout : écrire, trouver un monteur en pages, dénicher un imprimeur, vendre et… organiser un lancement et c’est tout à leur honneur de voir à tout et ils en retirent, s’ils sont chanceux et ont un bon (voire un excellent) réseau, tout le mérite en plus de tous les revenus. Mais pour les livres publiés chez un éditeur reconnu? Quand est- ce arrivé? Petit à petit probablement. Je n’ai rien vu venir. Il reste certains irréductibles convaincus que c’est encore à l’éditeur que revient cette tâche puisqu’il croit que la promotion lui sera profitable autant sinon plus qu’à l’auteur (il n’y a pas un peu trop de « que » dans cette phrase?). 

Autre question : je me demande si l’argent recueilli lors d’un lancement organisé par l’auteur lui revient en entier. Le pire, c’est que je crois bien que l’auteur a dû, en plus des 20-25 livres reçus à la parution, acheter les exemplaires qu’il offrira au public qui daignera assister à son lancement. Achat à 40%. La marge de profit est minime. Le plaisir d’accueillir de futurs lecteurs, d’entendre des éloges sur sa petite personne, et de se voir reconnu en tant qu’auteur : sa seule récompense. 



Je me rappelle— sans plaisir parce que je n’aimais pas comment mon père en revenait —, quand ce père, un auteur en devenir à cette époque, se rendait tel jour aux lancements des Éditions du Jour, le lendemain, à ceux de Fides et le jeudi chez Stanké. D’ailleurs, je me demande ce que sont devenus les auteurs des années 1960-1970 : les Gérard Bessette, Rock Carrier, Michèle Lalonde. J’entends parler parfois de Nicole Brossard que j’ai connue, je sais qu’Hélène Ouvrard, dont L’herbe et le varech m’a tant touchée, est décédée ainsi que quelques autres écrivains de cette époque. Je me demande si un Michel Tremblay organise son lancement. Sûrement pas. Jacques Poulin non plus. Alors pourquoi les nouveaux espoirs? Les éditeurs ne croient pas suffisamment en eux, ces auteurs qu’ils ont pourtant judicieusement choisis, pour utiliser encore cet outil de promotion? Ou peut-être ne croient-ils plus en cette façon de faire? 

Dommage. Et bravo (et bon courage) aux auteurs qui s’improvisent lanceurs de livres!

(Je retrouve la forme, moi: trois billets dans la même semaine!)

(illustration capturée sur le site des éditions Le jour)

lundi 12 mars 2012

Des nouvelles de Gatineau



La vie d’un auteur est un peu comme la vie d’une vedette de télé ou de film : quand sort le livre, ça fait longtemps que le texte a été écrit. Au point qu’il faut parfois le relire pour se le rappeler. Ainsi, le livre Des nouvelles de Gatineau est sorti au Salon du livre de l’Outaouais, le 3 mars dernier. Je viens tout juste de le recevoir. Page 101 : un texte de Claude Lamarche. Eh! Eh! c’est moi, ça! Quand donc ai-je écrit ce texte? Petit coup d’œil dans mes fichiers, dernier envoi : août 2011 et probablement écrit au printemps ou pendant l’hiver. 

Un livre sous la direction de Michèle Bourgon et de Vincent Théberge, qui n’en sont pas à leurs premières armes dans l’écriture ou la direction de nouvelles. Déjà, Trente XXX en 2009.

Ces deux auteurs de l’Outaouais récidivent en lançant, il y a plus d’un an, un concours de nouvelles. Il s’agissait d’écrire une nouvelle (2,500 mots maximum) dont l'action se déroulait à Gatineau. 

Je réside en Outaouais, mais pas à Gatineau, je connais cette grande ville fusionnée surtout parce que je me rends dans les centres commerciaux, dans les hôpitaux, mais comme j’ai eu le plaisir d’accompagner Louise Falstrault à une exposition qui a duré cinq ans : L’île en art, c’est donc sur le terrain du Théâtre de l’île que j’ai situé mon action. Même que j’ai emprunté son métier d’artiste peintre le temps de quelques phrases et de quelques émotions. 

Je n’ai pas gagné le concours, mais les deux directeurs ont quand même choisi ma nouvelle pour la publier avec 28 autres nouvelles. 

Andrée Poulin en parlé à l'émission de Radio-Canada, Divines tentations samedi dernier, à partir de la minute 4 :40.

Je suis honorée que mon nom côtoie quelques autres auteurs que j’ai connus lors d’ateliers ou de rencontres : Gilbert Troutet (dont la photographie de la couverture est tout à fait remarquable), Daniel Paradis, Claude Bolduc, Julie Huard, Jocelyne Béland, Michel-Rémi Lafond. Je connais aussi le journaliste de la Revue de Gatineau, Patrick Voyer qui a remporté le troisième prix. Le premier prix a été attribué à Frédéric Bisson et c’est amplement mérité : l’émotion est à son paroxysme dans sa nouvelle. 

Tout compte fait, même quand on pense qu’on écrit moins, les textes publiés en deux ans s’accumulent : deux nouvelles et un roman, tous chez Vents d’Ouest. Je suis à la veille de faire partie des meubles.

(Illustration empruntée au site de l'éditeur >>>)

mardi 22 novembre 2011

Des livres écoutés



On peut lire à peu près n’importe où, tout le monde le sait et même sur une table d’opération. Demain, mercredi, pendant que je lirai du Fred Pellerin dans une salle d’attente, l’opérée, elle, écoutera le même Fred Pellerin sur son lecteur Mp3. En effet, comme elle sera opérée au genou, elle ne sera pas endormie et comme elle ne veut rien entendre des instruments de chirurgie, on lui a suggéré d’apporter son lecteur. La maison Planète Rebelle a la bonne idée d’éditer des livres sur CD. 

Et début décembre, j’aurai le plaisir de lire quelques pages de mon livre Visions de la Petite-Nation qui date de l’an 2000. Le petit vidéo sera diffusé dans une exposition permanente dont le thème tourne autour des rivières et lacs de ma région. 

Comme quoi les livres peuvent lus… et écoutés. 

P.S. je remercie Sylvie, Isabelle, Lucille, Gen et quelques autres auteurs d’un groupe sur Facebook de m’avoir donné l’impression de vivre un peu le Salon du Livre de Montréal avec elles, malgré mon absence. Un plaisir bien goûté sans avoir mal aux pieds ou mal à la foule. 

(source de l'illustration: Planète Rebelle)

mercredi 9 février 2011

De l'amour des vieux auteurs


Je l’avais commencé parce qu’une amie nous l’avait passé et que j’aime les gros livres. Après avoir beaucoup apprécié le livre que l’auteur, Elisabeth George, avait pris la peine d’écrire sur son métier d’écrivain, je voulais voir si elle appliquait les règles prônées. C’est ainsi que j’aurai pris plus d’un mois pour lire le gros pavé Mémoire infidèle.

Oh! que oui, elle applique les règles prônées dans son livre sur l’écriture! Malgré bien des abandons, faute de temps, j’y revenais presque chaque matin, preuve que l'auteure avait le tour de retenir son lecteur. Après quelques chapitres, j'étais un peu mêlée entre le journal d’un personnage et la narration de l’histoire comme telle, j’ai été fidèle à ma (mauvaise?) habitude, et encore plus quand il y a tant de pages et que je n’ai pas tant d’heures à consacrer à la lecture, j’ai été voir la fin. Ça ne m’a rien appris, j’ai reculé, j’ai feuilleté, je lisais une page ici et là, à la recherche d’un nom, me contentant des dialogues. J’ai trouvé. Peine perdue, l’auteure expérimentée m’a complètement eue : j’ai dû lire quand même tout le livre pour comprendre. Même si j’ai passé, je dirais, 200 pages sur 620, surtout sur la vie de ses inspecteurs qui ne m’intéressaient pas (quelques lecteurs l’ont écrit de ne pas commencer par ce livre parce qu’on ne connaît rien de Havers, Nkata ni de l’inspecteur Lynley), je dois dire que j’ai bien aimé ce roman, à peine policier. L’auteure a réussi son coup de m’intéresser.

Pour le suivant, en attendant les livres commandés à la bibliothèque, j’ai descendu au sous-sol. Je voulais une lecture différente, mon regard s’est attardé à la collection brune, cartonnée que j’ai achetée en… en… au siècle dernier! Ma mémoire (fidèle cette fois, contrairement au titre du roman que je venais de terminer) a dirigé ma main vers Vipère au poing de René Bazin. Livre que j'ai bien dû lire cinq fois depuis que je l'ai (en passant blogue intéressant sur cet auteur>>>).

J’ai trouvé difficile de lire les premières pages tellement le style différait de mes lectures des derniers mois. Mais j’ai persévéré, justement pour dompter mon esprit, varier mes lectures, lire d’autres styles. Pendant quelques lignes, je me suis cru aux études quand on passait un siècle de littérature par année et une seule pour la littérature québécoise.

C’est justement pour me rattraper que je me cantonne aux auteurs québécois depuis de nombreuses années, mais je suis pourtant toujours ravie et comblée quand je renoue avec les Français et encore plus avec les Français qui ont écrit entre 1880 et 1920 (j’ai mis des années comme ça au hasard). Il ne faut pas les oublier trop vite, il ne faut pas penser que ce sont des vieux démodés. Ne lire que des « contemporains », c’est comme se contenter de voyager en Amérique, certes agréable mais il y a d’autres pays qui offrent d’autres trésors.

Bref, imaginez-vous assise confortablement, au chaud, le concerto pour violon en mi mineur, op 64, no 2 de Mendelssohn en sourdine, un cappuccino sur la table que vous venez de déplacer dans votre salon pour justement y déposer votre boisson favorite et vous plongez dans un roman. Vous savez que vous ne répondrez pas au téléphone, qu’il n’y a aucune émission de télévision qui viendra perturber vos neurones et encore moins votre nerf auditif… voilà comment je me sens quand je lis un roman qui a du vécu! Un roman québécois, un roman policier encore plus, je peux le lire n’importe où. Je pourrais être vêtue d’un jean et d’un maillot bien ordinaire. Lire de « vieux » classiques, on dirait que c’est comme m’endimancher. Visiter un musée. S'ils étaient humains, je les vouvoierais.

Finalement, c'est peut-être comme dans la vie: une marque de respect pour les plus vieux que nous? C'est fou, je sais! En tout cas, je constate au moins que j'aime beaucoup ces « vieux », je les écoute avec délectation et je ne me lasse pas de leurs histoires.

(Illustrations empruntées à livre.fnac.com et lexpress.fr)

jeudi 20 janvier 2011

De l'idée avant l'écrit

J’aime écrire, tout le monde le sait, mais il ne faut pas croire que je n’aime écrire que des romans. Petit exercice amusant, sans prétention puisque de toute façon, tous ces titres sont épuisés : en cherchant à connaître la motivation pour mes prochains écrits, j’ai repensé à l’élément déclencheur pour chacun de mes livres publiés (je vous épargne ceux qui ont été refusés). Dans l’ordre chronologique de publication.

Je me veux : petite plaquette d’une centaine de pages. Fiction qui va d’une phrase à deux ou trois pages. Je voulais prouver à je ne sais qui qu’on pouvait avoir quelque chose à dire à 25 ans, j’ai puisé dans mes expériences mais aussi celle d’une amie, une ex-religieuse. Anecdote : persuadé que c’était une autobiographie (une ex-religieuse pour la télé, c'était des détails croustillants?), Radio-Canada voulait m’interviewer. J’ai avoué que c’était œuvre de fiction … et donc pas de passage à la télé radiocanadienne!

De rien au tour à rien en dedans : roman au style très contemporain inspiré de l’amitié vécue à quatre lors d’étés et d’aventures. Des jeunes qui refont le monde, qui se prennent pour Sartre-Beauvoir, qui s’amusent à philosopher et jouer avec les mots et qui sont perdus comme le Mathieu de Françoise Loranger.

Le mystère de la femme en noir : roman jeunesse. Une histoire que m’ont racontée mes élèves de secondaire 1 pendant les cours de catéchèse.

Poursuite sur la Petite-Nation : roman jeunesse. À 19 ans, j’avais descendu une partie de la rivière Petite-Nation, j’avais le goût de raconter cette aventure. J’ai enrobé le tout dans une histoire de voleurs, j’en ai profité pour présenter la région.

Appliqués Patchwork et couvre-lits : essai. Pendant ma dernière année d’enseignement, j’enseignais la couture. Comme ce que je savais le mieux faire, c’était d’écrire, bien plus que de coudre, j’ai décidé d’écrire un livre avec mes élèves qui ont servi de modèles, qui ont préparé les différentes pièces photographiées. Trente ans plus tard, quand je les rencontre, elles m’en parlent encore.

Pourquoi nous avons cessé d’enseigner : essai. Chaque semaine, Louise Falstrault et moi, nous nous racontions les diverses péripéties et difficultés avec la direction, le syndicat, les élèves. C’était l’époque où la diminution de la clientèle scolaire se faisait sentir dans les campagnes. L’époque où la polyvalente redevenait simple école secondaire, faute d'élèves. Mon premier livre publié à compte d’auteur aux Éditions de la Petite-Nation que mon père venait de mettre sur pied. Premier et seul passage au canal 10, devant Réal Giguère.

Jacques Lamarche, un homme, une époque : essai. Le journal La Presse avait organisé un concours de biographie, j’avais décidé d’y participer. Je n’ai pas gagné, mais j’ai présenté le projet aux Écrits-Hautes-Terres qui fut intéressé. Pendant un an, j’ai fait des recherches, j’ai posé des questions à mon père, j’ai relu quelques-uns de ses livres (pas tous les 96 qu’il avait publiés!) et, en 2005, le livre fut lancé dans une auberge qui était une ferme qui a marqué mon enfance et la vie de villégiateurs de mes parents. Trop faible pour assister au lancement, mon père mourait l’année suivante.

Les Têtes rousses : roman qui sera publié à l’automne 2011. Après avoir tant parlé de mon père, je me suis demandé si ma mère avait aussi une vie intéressante à raconter. Dans un prochain billet, j’en dirai plus.

Et vous, d'où vient le commencement du début de l'idée? Surtout quand c'est une histoire d'extra terrestres ou de sorciers ou de mort suspecte ou tout ce qui est hors de notre quotidien.

(quelques-uns de mes livres publiés... et épuisés, sauf peut-être dans quelques bibliothèques)

samedi 28 août 2010

Des livres, encore des livres et les jeunes

La rentrée littéraire : dire que l’an prochain, mon roman sera noyé dans la manne. Ne sera probablement même pas recensé.

Ces jours-ci, débat sur le « trop de livres » entre Jean Barbe et Jean-François Nadeau. Débat, pas vraiment, plutôt réaction de l’un à la suite d’un article de l’autre. Surtout prétexte à écrire sur le sujet. Ces jours-ci, il est aussi question de la rentrée littéraire. On a le choix, je me suis limitée à La Presse>>>

Dire qu’on nous assomme avec « les jeunes ne savent pas écrire », « les gens ne lisent plus ». Qui alors écrit tous ces livres publiés? Qui alors les édite? Et qui les lit? Je n’ai pas envie de me prononcer sur les librairies indépendantes qui en arrachent parce que les livres sont vendus moins chers chez Costco ou que les liseuses numériques commencent à prendre une part du marché, parce que je pense aux auteurs avant de penser aux libraires et je me dis que plus il se vend de livres, peu importe où peu importe comment, c’est bien pour les redevances de l’auteur. En revanche, je veux bien m’attarder à ces jeunes auteurs qui écrivent si bien, qui arrivent à être publiés. Donc, ce n’est pas si vrai que les jeunes ne savent pas écrire. Il faudrait aussi commencer à préciser c’est qui les « jeunes »? Ça fait bien dix ans qu’on nous rabâche les oreilles avec de telles assertions. Moi, je lis des livres écrits par des « jeunes » qui ont 30 ans, 40 ans, je lis des blogues de personnes qui ont 20 ans, 30 ans. Bon, les blogues ne sont pas tous de valeur égale, ne sont pas tous exempts de fautes (les miens non plus d'ailleurs), ne sont évidemment pas corrigés comme peuvent l’être des livres publiés, mais quand même ce sont des « jeunes » qui écrivent, qui aiment écrire, qui prennent le temps d’écrire un peu plus long qu’un « texto » sur leur I-phone. Alors hé ho! les journalistes, Quebecor et compagnie, hé ho! les professeurs, cessez de nous parler de ceux qui ne savent pas écrire et montrez-nous donc ces jeunes qui écrivent dans les journaux, dans les blogues et dans les livres, dans ces « trop de livres ».

En passant félicitations à Louise Lacasse pour son prix Robert-Cliche. Elle a 54 ans, elle!!! Mais c’est un jeune auteur puisque c’est son premier roman.

(photo: quelques livres qui trâinent chez l'auteure)

vendredi 13 août 2010

Correspondances d'Eastman (suite et fin)

Vendredi dernier j’y étais. Je croyais pouvoir y rester longtemps en esprit, mais la vie (comprendre les obligations, la famille, le puits à nettoyer, la tournée des créateurs à préparer) nous rattrape toujours trop vite. Pour prolonger le plaisir tout de même, encore des souvenirs des Correspondances d’Eastman. Avec le temps, tout se confond, les coups de cœur se réduisent à des surprises et les déceptions ne sont tout au plus que des observations.

Coups de cœur
Les sentiers

J’aime la nature. Les couleurs des feuilles, les rayons de soleil à travers les branches, les oiseaux que l’on cherche, le vent doux sur notre peau. Et j’aime écrire. Alors aux Correspondances d’Eastman, j’ai été comblée. J’ai cru comprendre (Venise pourra confirmer) que ce sont les citoyens, sauf peut-être le parc du temps qui passe qui a l’air public, qui s’occupent de préparer les sentiers et les chambres (jardins plus petits) où on peut écrire et lire. Enchanteurs, invitants. Et chacun pourvu d’une boîte aux lettres où il y a deux ou trois livres et où on peut déposer nos enveloppes. Ai envoyé trois lettres.

Surprises
Les animateurs et animatrices

Je n’en connaissais aucun, sauf Danièle Bombardier vue souvent à Télé-Québec. Je n’avais certes pas choisi tel ou tel café littéraire en fonction de l’animateur ou animatrice, je les prenais pour des faire-valoir, tout au plus. Surprise : ils sont très importants, ils sont un membre à part entière dans l’entrevue. Tous étaient qualifiés et très bien préparés, la plupart ont consulté leurs notes, mais sans que ça affecte le rythme des entrevues.

Tristan Malavoy-Racine fut parfait selon moi : une question, la parole à chacun des invités, ses interventions personnelles étaient justifiées et intéressantes.

Danièle Bombardier, très à l’aise, beaucoup d’écoute. J’aurais aimé qu’elle interrompe un peu plus souvent quand les auteurs s’égaraient ou s’attardaient, mais bon, c’est peut-être moi qui me lassais d’entendre un tel ou une telle qui m’intéressait moins. Nous avons été nombreux à prendre pour elle quand un monsieur dans la salle lui a presque reproché de n’avoir pas abordé le thème. L’important, c’était que ce soit intéressant.

Myriam Wojcik : son choix d’interviewer chacun une trentaine de minutes plutôt que de poser une question et que les trois donnent son opinion est discutable. Les deux autres auteurs avaient l’air oubliés là, en attente que ce soit leur tour.

Antoine Tanguay : celui qui n’avait qu’une toute petite feuille à peine consultée. Il aurait peut-être dû en avoir plus, ça aurait ralenti son débit. Il parlait beaucoup trop à mon avis. Très bon vocabulaire, il connaissait son sujet, bonnes interventions, mais pose la question et laisse répondre l’auteur s’il vous plaît.

La prochaine fois, je ferai quand même une petite recherche sur eux comme j’en avais fait une sur les auteurs.

Déceptions
Déception de moi-même surtout. De ne pas être capable de me décider d’acheter tel ou tel livre. Je les aurais voulus tous, je n’en ai choisi aucun. Surtout celui de Dominique Fortier, Les Larmes du Saint-Laurent. J’étais pourtant résolue après avoir lu toutes les bonnes critiques sur ce livre. Sachant pourtant qu’il n’y a pas de rapport entre ce que je ressens en écoutant une entrevue et ce qu’un livre peut m’apporter. Pourquoi alors ai-je hésité devant Les larmes du Saint-Laurent? Avant et encore plus encore après l’entrevue. Je me déteste des fois de laisser mes impressions l’emporter sur ma raison. Heureusement il reste la bibliothèque, mais avant d’obtenir un livre paru récemment… mais c’est une autre histoire.

Observations
La nervosité et la timidité de Max Férandon l’a mal desservi, mais il aimait visiblement son Monsieur Ho.

Michèle Plomer et Hélène Rioux n’ont pas réussi à me donner le goût de la Chine, mais je pense que c’est moi qui ne suis pas très Chine, il aurait fallu me parler du style, du ton et non seulement du lieu. Et il y a un éditeur qui n’a pas fait son travail : pas de livres d’Hélène Rioux sur la table. Ou pas assez.

Marc Lévy : moi quand on me jette aux yeux les 20 millions d’exemplaires vendus en 40 langues, c’est certain qu’en partant je vais voir ailleurs. Oui, je me laisse influencer par les critiques de lectures populaires, mais oui, j’ai essayé de lire ces livres. Eh oui, j’admets que son entrevue fut très intéressante, quoique la formule de ce café littéraire, pas certaine que c’était rendre service aux auteurs, voir ce que j’en dis dans les animateurs).

Eu beaucoup de difficulté avec le ton professoral de Monique Larue, alors que celui de Francine Ruel était plus familier. Ce qui ne m'empêchera pas de lire les livres ni de l'une ni de l'autre.

Conclusion
Dans les salons du livre, je ne fais jamais la file pour obtenir une dédicace et un sourire de quelques minutes. Je l’ai déjà dit ce sont les livres que j’aime. Pourquoi donc être allée aux cafés littéraires des Correspondances d’Eastman? Pour entendre parler des livres? De la vie personnelle de ces auteurs? Oui un peu, je ne déteste pas le potinage, mais surtout entendre parler quelqu’un qui écrit. Comme moi. Leur rapport à l’écriture, à la lecture. M’identifier. Me faire croire que je suis l’un d’eux.

Et à certains moments, comme devant Jean Barbe, Jean-François Beauchemin, Louise Portal, Francine Ruel, je me suis reconnue : se lever tôt le matin, s’isoler, être seule pour écrire. Les livres plus marquants que bien des personnes dans la vie. S'obliger et ne pas réussir à lire Proust, Dante, Foucault. Lire ou ne pas lire pendant qu’on écrit. Cet amour de la lecture. Ce besoin viscéral d’écrire même si on ne sait pas toujours pourquoi.

Et d’avoir été parmi eux, dans l’amour des mots et des livres, je fus comblée. J’y retournerais sur-le-champ. Et tant pis si ce n’est pas la vie.

(photo: l'entrée du sentier Le portage des mots)

mercredi 11 août 2010

Coups de coeur, suprises et déceptions aux Correspondances d'Eastman

Aucune envie d’être objective pour parler des Correspondances d’Eastman.
Coups de coeur, surprises et déceptions en plusieurs billets.

Coups de cœur

Mon arrivée
Des fleurs partout, des enseignes pour le stationnement, les chapiteaux, des cafés terrasses où s’attardent les dineurs. À l’accueil, les bénévoles sont fébriles, ils me renseignent. Repérage facile, tout est dans moins d’un kilomètre. Je trouve facilement Le parc du temps qui passe où se tiendra l’ouverture. Je remonte dans mon Pruneau (ma dinette-couchette-toilette comme je dis souvent) et je pars à l’assaut des côtes pour lesquelles on m’a fait un peu peur en me disant de ne pas apporter mon vélo (mais sur le plat, au village vers le lac d’Argent, belle piste cyclable asphaltée).

Pruneau monte la côte, sans élan, jusqu’au théâtre de la Marjolaine. Sans problème. C’est donc là que je passerai les quatre prochains jours. Le jour au moins. J’aurais bien aimé y coucher, mais les organisateurs ne veulent pas. Je n’aurais pourtant dérangé personne. Bon, c’est un autre débat. Les spectacles du soir ont lieu dans la salle du théâtre et les cafés littéraires derrière sous une grande terrasse recouverte.

Je suis donc prête. Retour au village. Dans une des boîtes à malle, je trouve un livre : Garage Molinari de Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique). Je me rends au parc, je m’assieds à l’ombre. Je lis. Rien d’autre, je suis ici et maintenant dans un livre. Et je verrai l’auteur le jour suivant.

Clémence
Dès que j’ai su qu’elle donnait un spectacle, j’étais déjà gagnée, c’est certain que j’irais la voir. Je l’aime depuis très longtemps. La première fois que je l’ai vue, ce devait être autour de 1968, dans le temps des nappes à carreaux rouges et les filets de pêche sur les murs de bois. Probablement le Patriote à Sainte-Agathe. Plusieurs années plus tard, je m’étais rendue à Ottawa voir son spectacle sur la ménopause. Et si j’entends son nom à la télévision, c’est certain qu’il faudra une sacrée bonne raison pour la manquer.

Donc son spectacle un mélange d’entrevue — pas très poussée — et rappel de ses nombreux textes. À l’occasion Danièle Bombardier faisait office de souffleuse et n’a qu’à lui poser une ou deux questions et voilà que Clémence se levait et repartait.

Du déjà vu, du déjà entendu, mais on rit encore. Elle en rajoute, elle improvise ou a l’air d’improviser. Personnellement il n’y a que deux humoristes qui me font rire à voix haute : Yvon Deschamps et Clémence. Question de génération? Peut-être.

Je ne suis pas la seule à l’aimer. Des centaines ce soir-là, dont une douzaine à peine qui la voyait pour la première fois. Et quelques rares hommes.

Petite déception quand Clémence a demandé : quelle heure il est là? Je sais bien qu’elle l’a demandé parce qu’il y avait retrouvailles au Piano rouge à 21 heures, mais ça m’a fait un petit choc. Comme quand mon père demandait l’heure parce qu’il en avait assez, il voulait passer à une autre activité. J’aurais eu envie de dire à Clémence : ça n’a pas d’importance, ceux qui veulent partir, qu’ils partent, nous autres, nous allons continuer de jaser.

Surprises

Jean Barbe
Quand je l’ai vu, je me suis dit : « reste ouverte, ne te rebiffe pas tout de suite ».Je n’aimais pas Jean Barbe, je n’avais pas choisi ce café littéraire pour lui, mais pour Jean-François Beauchemin. Quand il parle à la télévision, je n’aimais pas ce qu’il disait, son ton tranchant, ses idées exposées fermement. Il avait l’air d’en vouloir au monde entier, de ne trouver personne à sa hauteur. Comme un professeur qui regarde tout le monde de haut.

Et là, il est arrivé avec son chien, ça ne me l’a pas rendu sympathique parce que je trouvais que le chien dérangeait, attirait les regards.

Mais quand l’émotion vous étreint la gorge, quand vous retenez les larmes qui veulent monter, c’est que des phrases vous ont touchée, que vous vous êtes reconnue dans les dires de quelqu’un. Ce fut le cas devant Jean Barbe. Il fut généreux dans ses impudiques confidences : « J’avoue que je méprisais mon père » Chacune de ses interventions était efficace, comme un acteur qui sait doser ses effets, comme un professeur qui sait attirer l’attention, comme un humoriste sait «à quelle heure le punch ». Visiblement expérimenté, il sait comment faire naître l’émotion.

Il m’a également intéressée par les affirmations, les observations au sujet des livres, de l’écriture. Il fallait l’entendre quand il a parlé du premier livre qui l’a marqué. Il en parle aussi dans cet article>>>;

L’importance des livres dans sa vie est assez semblable à celle que je leur accorde moi aussi : il y a plus dans certains romans que dans nos vies.

Je ne sais pas si j’aimerai Jean Barbe dans toutes ses interventions futures, je ne sais pas si je serai capable de lire en entier un de ses livres, mais au moins une fois, il m’aura touchée.

À suivre…

(photos: le parc de Claude Lamarche et celle de Jean Barbe empruntée à fr.canoe.ca)

lundi 9 août 2010

L'après Correspondances d'Eastman

L’après Correspondances d’Eastman. Je ne suis pas encore après, je suis toujours dedans. En revenant chez moi, je pensais déjà à ce que j’allais écrire. Je revivais les cafés littéraires, je revoyais les spectacles. Je ne savais déjà plus qui avait dit quoi. Ne me restait que des impressions. Des images des lieux : tous ces jardins fleuris où j’ai écrit, où j’ai lu. Il y eut tant de mots, des graves, des impressionnants, des drôles, des émouvants, des ordinaires, quelques-uns ennuyants, mais la plupart très intéressants. Tant de titres de livres présentés.

J’étais tellement bien. Dans mon élément. Presque rien d’autre pour me distraire de cette jouissance de vivre avec des livres et des gens qui aiment aussi les livres.

Ce matin, la confusion est totale dans mon esprit, tout s’emmêle. Comme un gros gâteau bien décoré, que j’ai goûté, apprécié et dont je n’ai pas vraiment envie de parler, pas envie de donner la recette, de faire l’effort d’expliquer en quoi c’était beau et bon. Juste garder le secret pour moi. Juste savourer encore, comme on garde longtemps en bouche, le goût d’un bon vin. Permettez que je les garde pour moi, encore un peu avant de les éparpiller aux quatre vents. De les circonscrire dans des phrases définitives. De les limiter à quelques billets banals.

Encore heureux que je ne sois pas journaliste qui doit respecter une heure de tombée.

(photo: de plus Blogger ne veut pas télécharger mes photos ce matin, signe qu'elles ne sontn pas prêtes, elles non plus!)

mercredi 4 août 2010

Demain, Eastman


Demain, jeudi 5 août, Les Correspondances d’Eastman. Pour la première fois. Pendant quatre jours. Seule. Dans mon idée comme un salon du livre en plein air. Mieux parce que seulement des café littéraires et des spectacles. Rencontres indirectes d’auteurs, juste comme je les aime : pas nez à nez, un peu en retrait à écouter une animatrice ou un animateur les interviewer. Enfin, je pense que ce sera comme ça.

Lire aussi leurs livres. Écrire aussi, on peut. Envoyer des lettres.

Entre les cafés et les spectacles, je compte bien m’isoler dans mon véhicule récréatif et continuer de corriger mon manuscrit. Me semble que l’atmosphère s’y prêtera.

Connection Internet? Peut-être pas. Tant pis ou tant mieux, pas de distraction. Être juste dans les mots. Les miens et ceux des auteurs. Venise vous en parlera sûrement des auteurs, des rencontres.

Rencontrer d’autres blogueuses? Peut-être mais ce n’est pas le but. Parler aux autres participants? Peut-être mais pas nécessaire. Malgré que je serai dans une foule, je me sentirai surtout avec ce moi-même que j’aime : le moi des livres, le moi des phrases, le moi des mots intimes. Que cela.

(photo de Claude Lamarche, seule au coucher de soleil)